Bouraïma Zongo, ex-international burkinabè : « En 98, nous aurions pu battre le Cameroun à l’ouverture »
- Écrit par Webmaster Obs
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Ils étaient à deux doigts de l’exploit mais une simple erreur d’inattention de la défense du Burkina Faso a suffi à faire le bonheur des Lions indomptables du Cameroun en ce match d’ouverture de la CAN 98 à Ouagadougou. Une courte défaite pour une équipe qui avait agréablement surpris son public par la qualité de sa prestation et surtout par cet esprit de conquérant qui l’a caractérisée durant toute la partie. Malmenés et acculés, le regretté Marc Vivien Foé et ses équipiers n’avaient plus d’autre choix que de puiser dans leurs dernières énergies pour venir à bout de la sélection nationale du Burkina. Cette rencontre, l’ex-milieu de terrain et ex-bombardier des Etalons, Bouraïma Zongo, s’en souvient encore comme si c’était hier. Et c’est avec beaucoup d’amertume qu’il revient sur ce match inaugural au stade du 4-Août à Ouagadougou. Pour lui, les Etalons auraient pu gagner ce match, mais le sort en a décidé autrement.
Pour la première fois de son histoire, les Etalons étaient à l’ouverture d’une phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 98. Dans quel état d’esprit avez-vous abordé cette rencontre devant votre public et face à ce favori qu’était le Cameroun ?
Je pense que nous avions eu une très bonne préparation et on avait le droit de rêver grand. Pour cela, je remercie le gouvernement pour tous les efforts consentis à l’époque pour nous mettre dans de bonnes conditions de travail. J’avoue que ce match contre le Cameroun était pour nous un match comme tous les autres. On était très confiant et mieux, on avait à l’idée de battre les Lions indomptables. Le Cameroun était certes favori sur le papier, mais pour l’équipe, c’est la réalité du terrain qui allait faire la différence. Des supporters ne croyaient pas en nous et pensaient même qu’on devait jouer pour limiter les dégâts. Mais au fil du match, ils ont compris que c’était une véritable machine de guerre que l’entraîneur Philippe Troussier avait mise en place. Nous avons dominé nos vis-à-vis dès les premiers instants de la première mi-temps et ensuite on s’est créé les meilleures occasions de but. Du coup tout le stade était debout et entrevoyait déjà l’issue de cette rencontre avec beaucoup d’optimiste. Les Etalons ont largement dominé leurs adversaires sans pouvoir marquer. Nous aurions pu gagner ce match mais la baraka nous a manqué.
Quel souvenir gardez-vous de ce match ?
C’est un match que nous avons perdu sur un tout petit détail. Je revois encore ces nombreuses occasions de buts, notamment celles d’Ousmane Sanou qui, a deux reprises, aurait pu ouvrir le score. Je retiens aussi la réaction du public burkinabè après ce match d’ouverture. Malgré notre défaite, nos supporters étaient très enthousiastes parce qu’ils ne s’attendaient pas à nous voir à un tel niveau de jeu face à une équipe du Cameroun avec ces nombreuses stars et son riche palmarès. Et tout le monde s’accordait à reconnaître que jamais le Burkina n’avait été aussi impressionnant en football que lors de ce match d’ouverture face aux Lions indomptables du Cameroun. Même les observateurs internationaux avaient commencé à s’intéresser à nous.
Quels étaient les atouts dont disposaient les Etalons en 1998 ?
Notre force était notre proximité, car bon nombre de joueurs évoluaient à domicile dans le championnat national ou dans la sous-région. Alors que le Cameroun était constellé de joueurs professionnels évoluant pour la plupart en Europe et ailleurs dans le monde. Mais cela était loin de nous impressionner. La solidarité du groupe a fait que nous avons pu tenir tête au Cameroun. Malgré notre défaite, le public était fier de nous. L’entraîneur aussi a eu les mots qu’il fallait pour nous galvaniser et nous mettre en confiance. Nous avons joué un système 3.5.2 qui a fonctionné à merveille face au Cameroun. C’est juste une petite erreur de placement qui a permis à nos adversaires d’inscrire l’unique but du match. Ils n’ont visiblement pas eu la tâche facile avec très peu d’occasions de but. Je veux parler du regretté Marc Vivien Foé, de Raymond Kala, de Tchami et autres. Ils l’ont même reconnu après le match. Ils étaient plus costauds que nous avec des gabarits impressionnants. L’entraîneur nous a demandé de jouer notre jeu sans complexe et même de les presser d’entrée. C’est ce que nous avons fait, et cela a marché. Troussier nous demandait surtout de ne pas nous affoler, de jouer librement tout en restant concentrés.
Ce dimanche, l’histoire va se répéter avec ce match d’ouverture Burkina/Cameroun à Yaoundé. Vos conseils pour cette équipe des Etalons version Kamou Malo ?
Je pense que le groupe d’aujourd’hui a un avantage, comparativement à celui de 1998. La plupart des joueurs évoluent à l’étranger dans des championnats réguliers et bien organisés. Ils ont de la compétition et certains ont même la chance de côtoyer d’autres joueurs africains de renom en Europe. Nous n’avions pas cette chance à l’époque. Je veux dire qu’ils se doivent de jouer sans complexe devant n’importe quel adversaire de ce tournoi. D’ailleurs, l’équipe que j’ai vue lors des éliminatoires du mondial m’a séduit. C’est un très bon groupe avec des individualités remarquables. Ces joueurs ont un très bon football et je les invite simplement à rester concentrés du début jusqu’à la fin de chaque match.
Votre pronostic pour ce match d’ouverture Burkina Cameroun ?
Je vois mal les Etalons perdre ce match ; ce sera une victoire ou au moins un match nul, car notre équipe regorge de talents. Il suffit de savoir les exploiter, et c’est ce que l’encadrement technique est en train de réussir. Je pense en toute sincérité qu’en plus des favoris comme l’Algérie, le Cameroun, l’Egypte et surtout le Mali, il faut compter avec le Burkina. Les Etalons auront leur mot à dire à ce tournoi.
Jonas Apollinaire Kaboré